CD ou MP3 ?

Dans le cadre de La Semaine du son, nous avons assisté à une rencontre, agrémentée de tests d’écoute, autour des formats audio. Alors, CD ou MP3, quelle qualité choisir ?

Nous sommes assis, confortablement, dans les fauteuils de l’amphithéâtre du Goethe Institut, soit le centre culturel allemand de Paris. Il est 20h30. Nous attendons Guillaume Huret, fondateur de 4’33 qui propose de nouveaux services liés à la musique et organise une soirée d’écoute tous les deux mois. C’est sa première conférence alors il nous demande d’être indulgents. Il nous fait patienter avec un morceau d’Angie Stone (Sit Down) diffusé sur des enceintes de qualité. Un message projeté sur un écran prétend nous faire retrouver le plaisir d’écouter (et non juste d’entendre) la musique.

Mais pour cela, encore faut-il s’y retrouver dans les différents formats audio qui sévissent désormais sur le marché. Tout d’abord, il convient de savoir que la qualité du matériel, des enceintes à la chaine ou ordinateur, en passant par les câbles qui les relient, comptent évidemment dans la qualité du son retransmis. Ensuite, nous ne sommes possédons pas tous la même oreille ce qui fait que personne n’entend la même chose que son voisin.

D’Où SORT LE CD ?

Passé ce préambule, un peu d’histoire. Sachez qu’un CD est déjà une reproduction car, en studio, les œuvres sont enregistrées sur des bandes master qui constituent donc le travail original de l’artiste. À noter toutefois qu’aujourd’hui pas mal de studios peuvent enregistrer directement en numérique. Mais qu’est-ce que le numérique ? C’est la transformation de données physiques (comme celles contenues dans les sillons d’un vinyle) en langage informatique (c’est-à-dire en 1 et en 0).

Et qui a eu cette idée folle le premier ? SONY et Philipps inventent le CD en mai 1982. Pour l’anecdote, si un CD fait 12 cm de diamètre, soit 74 minutes, c’est la faute au patron de SONY qui aimait tellement la 9e Symphonie de Beethoven que son fantasme était de pouvoir l’écouter en entier. Voilà pourquoi un CD dure 74 min. « Mais un DVD, ça dure bien plus longtemps et ça mesure aussi 12 cm de diamètre ! » rétorque judicieusement quelqu’un dans la salle. C’est qu’aujourd’hui, on est capable de d’empiler plusieurs couches d’informations numériques sur un même support.
Pour autant, ce n’est pas Beethoven qui a eu la primeur de l’invention mais le groupe suédois ABBA. The Visitors est le premier CD de l’histoire de la musique. C’est aussi le dernier album de l’histoire d’ABBA…

UN PEU DE JARGON INFORMATIQUE…

L’historique du CD terminé, passons aux questions de vocabulaire.

Un bit est l’unité de mesure d’un transfert de données.

Le kbps (kilo bits per second) est l’unité de mesure du débit.
DRM (Digital Right Management) est une restriction concernant les droits de management qui empêchait auparavant de copier plus d’un certain nombre de fois un morceau acheté sur iTunes. Les DRM sont en voie de disparition.
MP3 est la contraction de Mpeg3 (Moving Picture Expert Group) et c’est un format de compression audio.

LES BARREAUX DE LA QUALITÉ

Sachez, maintenant, qu’un MP3 est la version la plus dégradée de la musique et qu’il existe plusieurs sortes de compressions MP3 : la compression à 320 kbps et celles à 256 kbps, 192 kbps et 128 kbps. Le MP3 128 kbps étant la plus mauvaise qualité sonore du marché. C’est aussi le réglage d’importation de fichiers audio par défaut dans iTunes…
Vous trouverez parfois également la mention « MP3 de qualité CD ». Or, c’est impossible. Un MP3, c’est une séquence sonore débarrassée de toutes les fréquences supposées inaudibles pour l’oreille humaine. Guillaume Huret compare le CD à une sole meunière et le MP3 à l’arrête du poisson. « Vous iriez commander l’arrête de la sole au restaurant si vous pouvez en apprécier la chair ? » Il existe tout de même aujourd’hui des alternatives au MP3. On appelle cela des compressions lossless, supposées éliminer les données « inaudibles » qui encombrent votre disque dur avec le moins de perte possible dans les fréquences sonores. La meilleure qualité de format de compression reste cependant les formats AIFF sur Mac et WAV sur PC.

Récapitulons les différents formats vus précédemment sur une échelle de qualité (de la plus haute vers la plus basse) :

  BANDES MASTER
                  ! 
              
                CD
                  !
        AIFF / WAV
                  !
                  ! LOSSLESS (FLAC, WMA…) 
                
                !
                  !
                  !
     MP3 / 320 kbps
             / 256 kbps
            / 192 kbps
           / 128 kbps

À L’ÉPREUVE DU SON…

Il s’agit maintenant de mettre cette échelle à l’épreuve du test auditif. Puisque l’on est dans une soirée de mélomanes, il est tout de même une qualité de son dont on n’a pas parlé : le vinyle.

On commence donc par comparer le son du vinyle et du CD sur Dr. Robert des Beatles. Là, une majorité des mains se lèvent pour manifester leur engouement pour la version vinyle. Il faut dire que Dr. Robert est sur l’album Revolver qui précède les ambitions orchestrales de Sgt. Pepper…

Second essai avec la pianiste chanteuse à peu près contemporaine, Carole King. La production jazzy est plus claire et le son un peu clinique du CD, sans les craquements, lui convient mieux qu’aux Fab Four, sans pour autant convaincre plus de 50% de l’amphithéâtre qu’il est meilleur que celui du vinyle.

On s’attaque maintenant à la différence entre qualité CD et MP3. Premier test avec Money, Money, Money d’ABBA. Les deux versions écoutées à la chaîne, le MP3 ne tient pas la comparaison. Le kick d’attaque de la grosse caisse de batterie est presque un coup de défense tellement il sonne « creux » et les aigus sont réduits en bouillie.

Second test, quand même, avec Summer Wind de Sinatra accompagné d’un grand orchestre. Le MP3 aplatit la texture sonore, tandis qu’avec le CD, on a l’impression de se balader, de flotter entre les instruments qui entrent chacun leur tour dans la danse. Ne parlons pas de la voix de Sinatra qui n’a plus de tessiture sur MP3 !

Dernier test, s’il en fallait pour achever de nous convaincre avec la 5e Symphonie de Beethoven. Évidemment, le MP3 est un carnage. Mêmes reproches que pour Sinatra mais avec une véhémence proportionnelle au nombre d’instruments.

ALORS… QUE FAIRE ?

Le test terminé, que faire pour contourner cette mauvaise qualité de compression ?

– À l’achat, préférer l’alternative Qobuz, seul site à proposer des téléchargements et une écoute en streaming dans toutes les qualités (même en qualité studio master !).

– Au quotidien, changez les paramètres d’importation d’iTunes. Comment faire ? Allez dans le menu « iTunes », cliquez sur « Préférences » puis sur le bouton « réglages d’importation… » et choisissez le format AIFF (ou WAV sur PC) dans la section « importez via » (cf. photos ci-dessous).

Voilà, que vous continuiez à utiliser les formats MP3 ou non, c’est votre affaire, mais, au moins, maintenant, cela relève d’un choix délibéré. Bonne écoute !

Marie Gallic

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