Livres Audio
Catégorie : Livre audio adulte - fiction

Livre audio adulte

Une affaire conjugale

Une affaire conjugale

Auteur :

Lu par : Elodie Huber

Editeur : Thélème

Pour cette fiche de lecture, Lire dans le noir tient à souhaiter la bienvenue à une nouvelle venue : Elisabeth, alias la blogueuse La Livrophile. Croyez-nous : elle porte bien son nom. Cette Bordelaise passionnée de livres audio (plus d’une centaine par an !),  a bien voulu écouter pour nous un  ouvrage paru récemment – Une affaire conjugale, d’Eliette Abécassis, chez Thélème -, pour nous en faire la critique.

Elisabeth est la première blogueuse à consacrer un peu de son talent pour Lire dans le noir et le livre audio : nous espérons qu’elle sera suivie de beaucoup d’autres. Si l’aventure vous intéresse, si vous désirez faire la critique de temps en temps de nouveautés audio, contactez-nous à cette adresse ! Toutes les contributions sont les bienvenues ! 

Jérôme et Agathe Portal sont mariés, ils ont des jumeaux de six ans. Le couple ne s’entend pas, Jérôme rudoie même souvent sa femme. Voilà plusieurs années qu’Agathe songe à demander le divorce. Elle recule surtout à cause des enfants. Mais elle découvre que Jérôme la trompe, et lui cache une bonne partie de ce qu’il fait. Elle se décide à demander le divorce.

Critique
Ce livre est plein d’une tension presque palpable. Le lecteur se retrouve plongé dans le cauchemar que vit Agathe. Son mari manipule ses amis et sa famille, et tente de monter les enfants contre elle. Il fouille ses affaires, pose des caméras dans sa chambre… Elle se voit même contrainte de dormir avec certaines affaires importantes. On dira que tout cela est un peu gros, qu’Eliette Abécassis exagère. Il n’en est rien. Je sais que certaines séparations peuvent être aussi infernales que ce que nous montre l’auteur. Toutes les situations décrites sont des plus réalistes. Jérôme tente de manipuler diverses personnes. Certaines sont prises à son piège, d’autres non. Tout n’est pas manichéen: tout le monde ne se pâme pas d’admiration aux pieds de lui, et ne voit pas Agathe comme une sorcière. On me dira que, par contre, l’auteur diabolise Jérôme. Soit, mais elle ne nous décrit pas l’héroïne comme une sainte à qui tous les malheurs du monde arrivent. Si on prend le parti de la jeune femme, certains de ses actes agacent : elle s’énerve, agit de manière stupide et puérile. D’autre part, on ne peut s’empêcher de voir ses erreurs passées. À la lueur de son récit, il est évident que dès le départ, son mari était instable et égoïste. Il peut paraître invraisemblable qu’Agathe ait été aveuglée à ce point, surtout au lecteur qui voit tout de suite la goujaterie de Jérôme. À y bien réfléchir, on peut croire la jeune femme qui dit qu’elle le voyait avec les yeux de l’amour. En outre, ce genre de réactions est caractéristique d’un schéma qu’on observe trop souvent: certains ne réfléchissent pas assez avant de se mettre en ménage, ou le font en sachant qu’ils vont droit dans le mur, mais le font quand même. Agathe est de ceux-là. En outre, elle fait preuve de naïveté, n’étant pas vraiment mature et armée pour la «vraie» vie: elle semble immergée dans le monde de son métier, celui de la chanson. Elle fait souvent allusion aux chansons d’amour qui ne l’ont pas préparée à une telle déconvenue.

Au sujet des enfants, quelque chose m’a agacée: la diatribe d’Agathe contre la garde alternée. Je comprends que dans son cas, la garde alternée soit contre-indiquée. Seulement, elle en fait une généralité, expliquant de manière
péremptoire que seule, la mère est à même de s’occuper de ses enfants. Dans son cas, c’est vrai, mais la généralité qu’elle fait est totalement hors de propos. Je n’ai pas non plus aimé son avis tranché, exprimé assez violemment, quant au fait que rien ne vaut le sein pour nourrir un bébé. Ce qui compte, c’est l’amour qu’on donne à son enfant, pas le fait de lui donner le sein ou le biberon. Outre le fait que les mères qui décident de ne pas allaiter ne me paraissent pas être d’affreux monstres, il ne faut pas oublier celles qui ne le peuvent pas, pour tout un tas de raisons. Agathe est blasée quant à l’amour. Cela se comprend, mais cela fait qu’elle fait encore des généralités.

J’ai trouvé un peu gros que notre héroïne parvienne à créer tous ces profils sur Facebook, et à les rendre crédibles. J’ai été étonnée qu’Agathe ne se rende pas compte qu’on la dupe par là où elle a dupé. J’ai tout de suite su ce qui se passait. J’ai bien aimé l’échange de mails entre Jérôme et la psychiatre.

Si les personnages principaux ne sont pas sympathiques (Agathe l’est davantage que Jérôme, mais elle m’a souvent agacée), le livre est bien pensé, et analyse bien certaines situations délicates, notamment le harcèlement de l’un qui entraîne celui de l’autre, la manipulation de Jérôme contre laquelle Agathe semble démunie (on le serait à moins), et bien d’autres. Lorsque j’évoque des romans traitant de ce douloureux sujet, je ne peux m’empêcher de penser à Une relation dangereuse , de Douglas Kennedy qui le traite également, mais de manière plus poussée, et sur un nombre de pages beaucoup plus important.

Remarque annexe
Eliette Abécassis cite plusieurs fois une chanson de Joe Dassin qui n’est pas des plus connues: L’amour etc.  Pour une fan, comme moi, ça fait plaisir !

L’interprétation
Élodie Huber  a une voix très agréable et douce. C’est une voix qui, pour moi, a de la présence. Elle n’est pas quelconque, et une fois qu’on l’a entendue, on ne peut que la reconnaître. Elle a su rendre la détresse d’Agathe, ses colères, sa hargne, sa frustration, ainsi que le mépris de Jérôme, de manière sobre et subtile. Il est un peu dommage qu’on l’entende deux ou trois fois tourner la page. J’apprécie beaucoup le parti que prennent les éditions Thélème depuis leur création: ne jamais émailler leurs ouvrages de musique !

Retrouvez Elisabeth, alias La Livrophile, sur son superbe blog


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