Le « paysage sonore » de Benjamins Media
L’association Benjamins Media édite des livres audio jeunesse depuis plus de 20 ans. Des ouvrages destinés aux parents et aux enfants, voyants et déficients visuels. Depuis toutes ces années, le petit éditeur a su garder ses spécificités dans le monde du livre audio. Les titres sont souvent inédits et chaque sortie est disponible dans une version braille intégrale.
Lire dans le noir : Comment est née votre association ?
Rudy Martel, éditeur chez Benjamins Media : Régine Michel a fondé Benjamins Media en 1990 parce que son compagnon était aveugle. Elle s’est vite rendue compte qu’il y avait très peu de littérature jeunesse de qualité adaptée à la cécité. Du coup, pour nos ouvrages audio, il est possible de commander une version en braille intégrale et gros caractères. Cela permet aux parents qui ne voient pas de lire le livre pour leurs enfants ou de suivre l’histoire au même moment que l’enfant avec le CD, dans un esprit d’égalité entre voyants et non-voyants. Sur les 3000 exemplaires édités pour chaque livre audio nous publions 500 livres en Braille, ce qui fait de nous les premiers transcripteurs en Braille de France.
Depuis 21 ans, le secteur du livre audio a-t-il changé ?
C’est un secteur porteur mais en France il a encore du retard par rapport aux anglo-saxons. Le livre audio est encore considéré comme un produit « périphérique », « presque » comme un livre et pas tout à fait un livre. Nous sommes dans une société de la lecture plus que de l’écoute. Mais cela va fonctionner grâce à l’émergence de nouvelles maisons d’édition dans ce secteur. Il y a 21 ans presque personne n’éditait de livre audio !
Aujourd’hui toutes les maisons proposent des livres audio jeunesse et il existe de nombreux livres audio pour adultes.
Quelle ligne éditoriale avez-vous adopté dans le choix des titres ou la façon de les mettre en son ?
Nous travaillons avec un réalisateur, Ludovic Rocca, qui cherche les voix, les dirige et met en musique. Je parlerais d’avantage de « mise en musique » que de « mise en son ». Le son doit précéder le récit car il aide l’enfant à développer son imaginaire. Chez nous, il ne vient pas appuyer le texte, il le précède. Nous parlons de « paysage sonore » d’avantage que de « bruitages », il s’agit de créer un environnement sonore, c’est un véritable petit théâtre.
Quant aux textes, nous recherchons des manuscrits bien écrits et porteurs de sens pour des enfants entre 2 et 10 ans. Des histoires comme « Le Monstre mangeur de prénom » se vendent toujours très bien. Certains de nos livres , comme « Petit chat découvre le monde », s’adressent à des plus petits encore, entre 10 et 15 mois.
Travaillez-vous avec des voix connues?
Depuis les débuts, nous travaillons avec notre propre réseau de comédiens, mais nous commençons à nous intéresser à des voix plus connues effectivement. Il faut continuer à défricher de nouveaux talents, que ce soit pour la voix ou pour les illustrations, mais nous devons également proposer des voix célèbres au catalogue afin d’être mieux relayés dans les médias et d’être plus connus.
D’après vous, comment mieux faire connaître le livre audio ?
Il faudrait que tous les libraires participent à la promotion de ce produit, ce qu’ils ne font pas forcément. Nous pourrions offrir une place plus importante aux livres audio dans les salons du livre également. Je pense que les acteurs du monde du livre doivent adopter un regard neuf et plus professionnel sur ce secteur. Et si les professionnels ne le font pas je suis certain que le public le fera.
Benjamins Média a présenté deux ouvrages au Prix Lire dans le noir 2009
• Maman où es-tu ? Maman que fais-tu ? (Françoise Bobe)
• Quoi, quoi, quoi ? dit le chat (Sarah Cone Bryant)