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Portrait d’éditeur : Grinalbert

Ils étaient trois associés. Ils se sont lancés à corps perdu dans l’aventure du livre audio. C’était en 2005, à Besançon. Rencontre avec Sébastien Bressand, fondateur et co-associé de la maison d’édition Grinalbert, qui publie depuis cinq ans des oeuvres de Zola, Alphonse Allais ou encore Maupassant.   

 Alphonse-Allais-Grinalbert Grinalbert-contes-érotiques
 Grinalbert-Anatole-France

Comment est née la maison Grinalbert ?

C’est un projet qui a mûri pendant plusieurs années. Pourtant, je ne viens pas du milieu de l’édition. J’avais une formation de musicologie, et j’étais disquaire. Travailler dans la musique, c’était mon projet, le reste ne me paraissait pas envisageable. Ce qui me titillait un peu, cela dit, c’était l’édition papier. J’ai alors commencé à creuser le sujet. Pour nos moyens financiers, le papier n’était pas envisageable. Mais l’idée du livre audio s’est peu à peu mise en place, d’une part par mes résurgences de jeunesse, ces histoires que j’écoutais étant enfant… Et puis par les gens que j’ai rencontrés au fil de ma vie. J’ai été objecteur de conscience, pendant mes deux ans de service militaire, dans un centre de formation de théâtre. J’ai donc rencontré beaucoup de comédiens, et, peu à peu, un réseau s’est mis en place.

Etiez-vous amateur de livres audio à l’époque ?  

J’ai grandi avec Piccolo et Saxo. Mais je ne suis pas sûr que je trouverais ça aussi bien maintenant… On n’entend pas les choses de la même façon selon qu’on est enfant ou adulte. Le Petit Prince par Gérard Philippe, ce n’est pas sûr que ça me plairait autant maintenant. En 2005, lorsque nous avons créé Grinalbert, je n’écoutais quasiment pas de livres audio. Je les trouvais en général assez ennuyeux, avec de mauvaises prises de son, peu de travail sur le texte, des lectures plan-plan.  Je préférais le  support papier, ou le théâtre. Mais je ne veux pas être trop injuste, car j’ai aussi entendu des choses très belles. Les lettres de mon moulin lues par Fernandel, même si comme moi on n’adore pas Fernandel, c’est tout de même superbe. C’est la rencontre d’un texte et d’un comédien. On ne peut pas faire mieux.

Comment se porte Grinalbert ?

On est tout petit : on assure la diffusion, la distribution, la production, la post-production. On produit 2 titres par an environ, et on aimerait bien passer à 4. Nous sommes trois associés, mais nous n’avons pas encore les moyens d’avoir des salariés. On tire en général à 1000 exemplaires. Notre meilleure vente, c’est un Maupassant, avec La parure, dont France 2 a diffusé le film. Cette « médiatisation » a relancé les ventes, et nous en avons écoulé 800, ce qui est satisfaisant.

Décrivez-nous l’esprit de votre catalogue.

Disons qu’on veut éditer de la littérature, avec comme exigence principale la qualité des oeuvres, très littéraires, par des écrivains qu’on ne lit plus forcément beaucoup de nos jours, comme Mirbeau ou Anatole France, et dont l’oeuvre, malgré son grand âge, fait écho à des problématiques très actuelles.

Exemple ?  

Les Repoussoirs, de Zola, dénonce les excès du libéralisme. Les nouvelles que nous avons publiées de Maupassant traitent de la thématique de l’argent. Edgar Poe, dans ses Nouvelles extraordinaires, parle de népotisme, de despotisme. De manière générale, nous sommes assez engagés. Notre projet éditorial, ce n’est pas seulement sortir du papier ou du texte, c’est une façon de travailler de voir différente. Par exemple, nos futurs salariés ne seront pas salariés mais associés, pour éviter le rapport entre patronat et salariat. Même chose avec les comédiens, ce n’est pas une simple prestation de service, c’est un projet commun. Cet état d’esprit, il est à la fois dans notre façon-même de travailler, et j’espère, dans nos livres.

Quels auteurs prochainement sur votre catalogue ?

Gaston Leroux. Paul Arène, entre autres…

Vous avez publié en avril dernier des contes érotiques… Pourquoi ?

C’était un hasard. C’est venu de notre rencontre avec la conteuse Edith Montelle en Haute-Saône. Elle vit dans la région, puisqu’elle est à Ornans, à trente kilomètres d’ici (Ornans est la ville de Gustave Courbet, ndlr). Elle était à quelques mois de la retraite, elle voulait un projet différent. Cela a mis un an, un an et demi à se faire. On a voulu faire un triptyque avec des contes érotiques, philosophiques, et fantastiques. L’accueil n’a pas été mauvais : on n’est pas loin des 200 exemplaires vendus, dont un bon cinquième en Suisse.

Votre proximité avec la Suisse vous confère t-il une dimension régionale ?

Pas vraiment. Cela a joué un rôle lors de la publication de nos contes érotiques, car Edith est très connue en Suisse romande, elle y va souvent, mais c’est tout. Cela dit, nous sommes désormais distribués en Suisse…  Parce que nous avons rencontré notre distributeur suisse au Salon du livre de Genève. Ensuite, on vend plus à Besançon qu’ailleurs. Pour le reste, on rencontre les mêmes problèmes, j’imagine, que les autres éditeurs de livres audio : on vend bien dans l’ouest, pas dans le Sud. Pour Paris, à part quelques librairies, c’est le néant. Mais je suis optimiste car malgré la crise, les choses se passent bien. Et aujourd’hui, on n’a plus besoin d’expliquer au libraire qu’on démarche ce qu’est exactement un livre audio. En cinq ans, heureusement, les choses ont bien changé…

 

> Le site de Grinalbert

> La fiche de lecture des Contes érotiques

> La fiche de lecture des Repoussoirs

 


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