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Le don de voix aux Bibliothèques Sonores

Saviez-vous que, comme l’on peut donner son sang, ses cheveux ou son plasma, vous pouvez donner votre voix ? C’est ce que propose depuis les années 1970 l’Association des Donneurs de Voix dont les membres enregistrent bénévolement au sein de ses Bibliothèques Sonores des livres audio amateurs à destination des personnes médicalement empêchées de lire.


Les origines

Logo des Bibliothèques Sonores de France, de l'Association des Donneurs de Voix

L’initiative date de 1972, quand l’ophtalmologue lillois Charles-Paul Wannebroucq fonde, avec l’aide du Lions Club de Lille Centre, la première Bibliothèque Sonore de France pour sa patientèle confrontée à une importante perte de vue. À l’époque, le livre audio n’a pas même de nom en France, n’ayant pu être développé malgré les expérimentations avec le format court du phonographe, et l’enregistrement du son sur bande magnétique commence à peine à se démocratiser avec la production industrielle des premières mini-cassettes à la fin des années 1960. La jeune association saisit cette opportunité technique pour enregistrer sur un support léger et pratique des lectures de textes qui restaient inaccessibles à toute personne privée de la capacité physique de lire, qu’il s’agisse d’individus non- ou mal-voyants, mais aussi tétraplégiques ou bien atteints de dyslexie sévère. Soit un énorme bond en avant dans la qualité de vie des personnes souffrant de handicaps divers pouvant en bénéficier. Celles-ci peuvent alors goûter au respect d’une partie de leur droit, censé avoir été consacré par la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 et trop souvent nié pour de spécieuses raisons matérielles, de « prendre part librement à la vie culturelle de la communauté, de jouir des arts et de participer au progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent ».

Reconnue d’utilité publique en 1977, l’association se développe rapidement et dès lors essaime des Bibliothèques Sonores sur tout le territoire de France métropolitaine, ainsi qu’en Corse. « J’enregistrai des livres sur mon premier radio-cassette », se rappelle un sourire nostalgique aux lèvres Florence, donneuse de voix au début des années 1980. Alors étudiante en prépa des Beaux-arts de Paris, elle raconte avoir ainsi lu des poèmes de Paul Éluard, mais aussi la difficulté de dénicher dans la grande bibliothèque de ses parents des romans classiques qui n’avaient pas déjà été enregistrés dans les catalogues grandissants des Bibliothèques Sonores. Un retard que n’ont pas encore fini de rattraper les maisons d’édition professionnelles, telles que Thélème et les éditions des femmes, qui font à cette période leurs premiers pas dans ce qui finira pas s’appeler le « livre audio ».

Les besoins

Le lecteur Victor Stratus 4M, un appareil prêté par les Bibliothèques Sonores pour accéder aux lectures

La littérature contemporaine, elle, francophone comme en traduction, ne cesse d’y être en expansion. Avec une production pléthorique à chaque rentrée littéraire, l’enjeu d’aujourd’hui est de permettre aux bénéficiaires de prendre connaissance en même temps que le grand public de l’actualité éditoriale bouillonnante du pays. Pour cela, l’Association des Donneurs de Voix jouit d’une exemption du droit d’auteur pour créer des copies sonores à l’usage exclusif des personnes empêchées de lire, à condition que le texte ne soit pas déjà édité et disponible sur le marché du livre audio. Pour ouvrir un accès à tout l’univers de l’écrit, il est possible et souhaitable de tout enregistrer : des ouvrages destinés aux adultes, d’autres aux enfants, à des buts scolaire, universitaire, personnel ou de divertissement, des livres de tout genre (fiction, essais, poésie…), bien sûr, mais aussi des journaux, magazines et revues… Le choix de lecture est presque infini.

Pour participer à l’enrichissement des Bibliothèques Sonores où que vous habitiez, n’hésitez pas à vous présenter à la délégation la plus proche de votre domicile. Le matériel et les supports ont évolué depuis leurs débuts, pour des enregistrements maintenant dématérialisés d’une qualité toujours plus élevée. Un simple ordinateur, un micro aux performances correctes et le téléchargement gratuit du logiciel d’enregistrement et de montage Audacity, que des bénévoles vous aideront à paramétrer comme il faut, et vous voilà équipé·es pour le don de voix !

Et si la voix vous manque ? Vous pouvez évidemment faire un don à l’association afin de l’aider à couvrir ses frais de fonctionnement. Mais vous pouvez surtout rejoindre l’équipe nécessaire des donneurs de temps, qui forment les donneurs de voix à l’enregistrement du son sur Audacity, les guident dans les quelques règles à suivre pour créer les pistes du livre audio et gèrent le site de l’association et l’acheminement informatique des fichiers sonores depuis les bénévoles jusqu’aux appareils d’écoute utilisés par leurs bénéficiaires.

Et vous, quelle est votre façon préférée de contribuer à diffuser la lecture ?

© Les Bibliothèques Sonores, Association des Donneurs de Voix

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