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« Notes on blindness », la cécité en réalité virtuelle

John Hull, professeur de théologie britannique, a perdu la vue en 1983. Pendant trois ans, il a enregistré un journal intime pour documenter ce bouleversement. Ses notes ont été publiées en 1991 sous le titre Touching the rock. En 2010, les britanniques James Spinney et Peter Middleton ont décidé de construire un film documentaire à partir de ce témoignage unique. Et c’est à partir de partir de ce documentaire et de ces même seize heures d’enregistrements que l’équipe d’ Arte Creative et Archer’s Mark ont choisi de bâtir une expérience en réalité virtuelle. Celle-ci est disponible en mode « Cardboard », pour les personnes équipées d’un casque de réalité virtuelle, et un mode « 360°- Smartphone & tablette », consultable simplement en téléchargeant l’application concernée.

En anglais, en français ou en allemand, au choix, on peut alors entendre les réflexions, découvrir les sensations de John Hull : « J’ai remarqué que souvent, quand je saluais des gens, et leur disais « quelle belle journée », ils n’étaient pas très réactif, et se montraient même surpris. J’ai peu à peu compris que le concept de belle journée est un concept visuel. Parce que pour les personnes voyantes, une belle journée c’est avant tout un grand ciel bleu. Il fait bon et le soleil brille. »

Vivant avec lui une expérience de concert, on l’entend plus tard expliquer : « Il y a une semaine ou deux j’ai assisté à une fête ou j’ai pu entendre un groupe de jeunes choristes entonner des chants religieux. C’était magnifique et si charmant de les écouter, j’étais si proche d’eux, j’étais comme transporté par cette expérience merveilleuse. Mais une personne assise à côté de moi me tira de ma transe par ces mots : « Si tu voyais John (…), ils semblent si heureux ». Mais c’était le son qui me transportait (…), et je ne crois pas que la vue ou la description que ce qui se déroulait devant moi aurait pu accroître l’intense plaisir que je ressentais(…). Mais cette expérience m’a fait réfléchir. Quand on s’enfonce dans la cécité, les choses qu’on avait tenu pour acquise, et qu’on avait désespérément essayer de compenser, finissent par ne plus avoir d’importance, elles sont déportées à la périphérie de notre conscience pour devenir finalement hors de propos. Je crois commencer à comprendre ce que c’est que d’être aveugle. »

On peut accompagner John Hull grâce à l’impressionnant travail réalisé sur la réalité virtuelle qui retranscrit au fil du récit les sons, les formes, les lumières et les sensations évoquées. L’utilisateur est par exemple invité à suivre un oiseau ou le bruit du vent grâce à la technique du son spatialisé binaural, qui se rapproche au maximum de notre écoute naturelle. Autant d’expériences qui permettent de toucher du doigt ce que représente le fait de devenir aveugle, et d’appréhender à nouveau le monde, au-delà de la vision.

 


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