Un parcours
La 14ème semaine pour l’Emploi des personnes handicapées, du 15 au 21 novembre, est l’occasion de sensibiliser le grand public au handicap. Pour l’occasion, la mission Handicap de Radio Francea mis en place, dans le grand hall du premier étage de la Maison de la radio, un parcours dans l’obscurité, afin de faire découvrir ce que ça fait de vivre dans le noir.
La mise au noir de l’installation est assurée par la société Ethik Events , qui gère notamment le restaurant parisien Dans le noir. Cette déambulation sensorielle est donc là pour faire vraiment comprendre ce qu’est le handicap visuel.
Lire dans le noir est à l’inititative de cette opération. Et pour mieux vous en parler, notre webmaster a testé cette « boîte noire », 70m2 de parcours, où, guidée par des non-voyants, vous pouvez enfin comprendre, pendant un quart d’heure, ce que c’est de vivre dans l’obscurité totale. Voici ses impressions, en quelques fragments, pour vous donner une idée de ce que fait ce genre d’expérience, sans dévoiler pour autant toutes les surprises de la boîte noire… A noter avant toute chose que ces impressions sont très personnelles,et qu’elles ne reflètent pas les sentiments de tous les participants.
IMPRESSION N°1 : LA LUMIERE EST PARTOUT
« Lorsque nous éteignons notre lampe de chevet chaque soir en nous couchant, nous avons l’impression d’être dans l’obscurité totale. Nous avons tort. Nous ne sommes jamaisdans le noir, le noir complet, épais, celui qui vous enveloppe, qui vous fait perdre tous vos repères. Lorsque nous dormons, nous avons toujours un radio réveil pour nous éclairer ; lorsque nous nous promenons dans la nuit noire, nous avons toujours la lumière, même faible, d’un réverbère, un phare de voiture, un feu rouge, ou même la lune pour guider nos pas. Nous ne connaissons pas le noir complet.
C’est la première réflexion, simple et évidente, qui me vient à l’esprit lorsque je participe à la découverte de la boîte noire de Radio France. 70m2 de parcours sensoriel et auditif, en petit groupe (pas plus de douze personnes), où l’on déambule, à la queue leu-leu, s’arrêtant, reprenant, marchant à l’aveugle, touchant les parois en essayant de reconnaître des formes. Une expérience forte, parfois angoissante, et très inhabituelle.
Pourquoi ne sommes-nous jamais dans l’obscurité complète ? Tout simplement parce sans nous en rendre compte, nous promenons avec nous beaucoup de petites sources de lumière. Par exemple, nos montres à écrans, ou à aiguilles phosphorescentes. Ou alors nos téléphones portables et leur écran lumineux… Seulement voilà : pour entrer dans la boîte noire, nous devons nous débarrasser de tous ces accesssoires. Afin que l’expérience soit totale. Un petit panneau à l’entrée nous interdit même de fumer !
IMPRESSION N°2 : LE CONTACT AVEC L’AUTRE EST FONDAMENTAL
Nous avançons en file indienne dans la boîte noire. Chacun tient par la main l’épaule droite de la personne devant soi. C’est la sensation, angoissante pour les uns, libératrice pour les autres, que sans ce contact physique, rien ne nous raccroche à une présence humaine. Ni à quoi que ce soit d’autre ! Une voix claire et douce nous annonce en début de parcours : « Je m’appelle Florie. Si jamais vous avez une question, où si vous avez besoin d’assistance, vous pouvez m’appeler ». Je dois avouer que j’ai passé dix minutes à me demander si j’allais appeler Florie…
IMPRESSION N°3 : L OBSCURITE ENVELOPPE TOUT
Etrange sensation : dans l’obscurité, cette impression que l’air que je respire est plus épais, plus lourd.
IMPRESSION N°4 : L’OUïE, CA SE TRAVAILLE
Nous devons nous guider aux voix, aux sons, nous butons sur des obstacles. Sauf que, lorsqu’on est privé de notre principale et habituelle source d’information, la vue, c’est bien plus difficile…
IMPRESSION N°5 : L’OBSCURITE EST ANGOISSANTE OU REPOSANTE
J’ai entendu deux types de réactions à l’issue de ce parcours sensoriel. Il y avait les angoissés de l’obscurité, qui se sont sentis totalement perdus dans le noir, et qui arrivaient à grand peine à se concentrer sur les sons, les odeurs et les textures. Et puis, ceux qui se sont totalement laissés glisser dans ce voyage sensoriel, et qui en sont ressortis enchantés, un grand sourire aux lèvres. Tous, sans exception, ont suivi l’expérience jusqu’au bout, et l’ont trouvée à la fois passionnante et troublante. Une chose est sûre : on ne ressort pas le même.
Du 15 au 21 novembre dans le grand hall du 1er étage de la Maison de la radio. Pas d’inscription préalable.
Pendant toute la semaine pour l’emploi des personnes handicapées, Radio France fait jouer également, tous les jours à 12h30 et 13h30, Le petit fauteuil de Raymond, une pièce sur ce sujet.
Pour en savoir plus
Le site de la pièce Le petit fauteuil de Raymond
Le site de la semaine pour l’emploi des personnes handicapées
Pourquoi l’emploi des handicapés bloque toujours, à lire dans l’Expansion