Kalavrita des mille Antigone
Auteur : Charlotte Delbo
Lu par : Isabelle Bouhet et Philippe Campiche
Editeur : Oui'dire
Prix lire dans le noir : Nominé 2014
« On connaît l’histoire d’Antigone qui, malgré l’interdit, veut donner une sépulture à son frère. Ici, ce sont mille femmes d’un village du Péloponnèse en Grèce qui, en réponse au massacre perpétré par les nazis, vont ériger de leurs mains un mausolée à la mémoire de leurs hommes. Philippe Campiche s’attaque à une œuvre dense, au sujet foisonnant d’émotions que referme le texte de Charlotte Delbo. Cette dernière, écrivain et rescapée d’Auschwitz, visite le village de Kalavrita en 1982. Elle en tire un récit bouleversant qui met en exergue l’implacable froideur de la logique militaire, mais surtout la grande noblesse de ces paysannes acharnées à donner à leurs morts un dernier hommage. On parle certes d’un massacre, et de l’indicible douleur qu’il engendre, mais aussi de la vie, des enfants à nourrir, des bêtes à soigner, des morts à enterrer comme il se doit afin que les vivants puissent continuer leur chemin. Le récit de ces femmes qui affrontent, assument et s’élèvent au-dessus du désespoir pour témoigner, donne à ce texte le souffle d’une épopée.
Philippe Campiche et Isabelle Bouhet sont les récitants, dans un rôle de guide et de témoin. Ils nous donnent à voir la formidable capacité de résilience de l’humanité et l’infaillible lueur de beauté et d’espoir qui nous fait signe au bout du tunnel. Ils sont accompagnés dans leur traversée par trois musiciens qui offrent aux mots un véritable écrin, si bien que le son mêlé de la harpe, du piano et du violoncelle constitue un personnage à part entière de cette création. La partition musicale, alliée à la présence pleine d’intensité des conteurs, est d’ailleurs des plus réussie. »
La depeche.fr
La chronique d’Aurélie Z :