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Dans les coulisses de l’audiodescription



le casque et le boitier pour les non-voyantsDerrière chaque spectacle audiodécrit se cache un travail de titan. Et pendant que les voix des ténors de l’opéra Billy Bud retentissent sur la scène de l’opéra Bastille, Christophe Touzalin scrute le jeu des comédiens, tend l’oreille et suit sa partition « stabilotée » avec  une attention particulière. Il est régisseur pour l’association Accès Culture qui enregistre des spectacles en audiodescription depuis 1993.

Assis dans une loge qui fait office de régie, il bénéficie d’une vue plongeante sur la scène. Indispensable, car il doit envoyer des commentaires d’audiodescription au bon moment, entre chaque air chanté, sans que la voix de l’audiodescripteur qui est préenregistrée n’empiète sur la partie de chant. Les commentaires enregistrés sur un disque sont transmis aux auditeurs aveugles présents en salle par un système de boîtier électronique et de casque.

Grâce à Christophe, ce soir là, huit auditeurs non-voyants pourront suivre l’opéra presque comme s’ils le voyaient. « La lumière baisse et se fait bleutée. Billy Bud descend du mât » indique la voix féminine qui commente le spectacle dans le casque. L’acteur apparaît sur scène et entame son chant. Parfois la voix évoque même des détails qui nous échappent à l’oeil nu. « La lumière forme un carré blanc sur scène (…) La trappe s’ouvre et les matelots se mettent en rang » entend-on quelques minutes plus tard. L’opéra de Benjamin Britten, inspiré de Melville décrit l’innocence d’un beau marin, « Billy Budd », embarqué sur un navire de guerre où il sera livré en pâture à la méchanceté des hommes. C’est un opéra en anglais, alors  l’audiodescriptrice ne se contente pas des indications scéniques (déplacements des personnages, costumes et décors), elle traduit aussi les paroles de chanteurs.

Pour les spectateurs voyants, les textes en français défilent sur un écran. « L’audiodescription c’est aussi un choix », explique Graciela Cerasi, auteur des commentaires pour Billy Bud. Pour cet opéra, Graciela, audiodescriptrice depuis 15 ans, a travaillé à partir d’une captation vidéo qu’elle a visionnée en boucle afin de calibrer ses commentaires entre deux airs de chants. » On ne peut pas tout décrire. Mais on n’interprète surtout pas ! Il s’agit de restituer les effets visuels de la façon la plus neutre possible. Le spectateur aveugle doit se faire sa propre idée. On ne se substitue pas à leur intelligence, juste à leur vue. » ajoute-elle.  De la même manière, Christophe Touzalin explique que « La voix de l’audiodescripteur doit rester neutre, l’idée n’est pas de faire des belles phrases ou de la littérature ». Régisseur, mais aussi comédien il a enregistré une partie des commentaires de Billy Bud. A l’entracte, il quitte son fauteuil et va à la rencontre des non-voyants assis en salle pour recueillir leur impression et vérifier que le matériel fonctionne.
Jean-Luc Gernot est l’un de ces spectateurs aveugles. « L’audiodescription me permet surtout d’enregistrer la voix qui correspond à chacun des personnages présents sur la scène. Sans ça je suis perdu ! » confie-t-il.  « Il y a 30 ans, ces surtitres  audio n’existaient pas. Je devais me débrouiller pour connaître le livret, l’action et les personnages sur le bout des doigts avant la représentation. Je voyais autrefois, donc j’ai moins de difficulté à me représenter les choses ».

En attendant la généralisation de ce procédé, grâce au travail d’Accès Culture et d’autres professionnels, de plus en plus d’espaces culturels français et quelques cinémas proposent des représentations audiodécrites. Grand amateur de culture, Jean-Luc Gernot en profite : il fréquente ainsi l’Opéra Comique, le Théâtre 13, la Comédie Française ou encore le Théâtre de la Colline.

Le site d’Accès Culture avec le calendrier des spectacles audiodécrits
Le site de l’Opéra National de Paris

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