Flammarion et ses « livres lus »
A l’occasion du lancement de cette nouvelle collection de livres audio créée par Flammarion, Cécile Grenouillet, directrice du département audiovisuel de la maison d’édition répond à nos questions.
Lire dans le noir : Après Gallimard et Audiolib, vous lancez une collection de livres audio pour adultes. Quelle sera votre ligne éditoriale pour le choix des ouvrages publiés en version audio ?
Cécile Grenouillet : Nous tentons, dans la mesure du possible, de coller à l’actualité. L’idée est de choisir des textes vivants et forts, qui se vendent bien en grand format parce qu’aujourd’hui nous ne sommes pas dans un marché très ouvert. Nous choisirons plutôt de reprendre des ouvrages qui sont à plus de 30 000 exemplaires de ventes pour être certain que le public les achète. Nous avons trouvé que « La Mécanique du cœur » de Mathias Malzieu était intéressant à l’écoute puisque c’est un ouvrage qui rappelle le conte, et « Jour de souffrance » de Catherine Millet parce que le texte est vivant et très personnel. Nous avons également repris des ouvrages de réflexion ou de pur développement personnel comme les « 10 minutes pour bien dormir » ou les « 10 minutes pour soi ».
Le marché français du livre audio est en retard par rapport aux pays anglo-saxons et aux Etats-Unis notamment. Comment expliquer et rattraper ce retard ?
Le problème majeur c’est que le public français ne connaît pas les livres audio. Je pense aussi qu’à la différence des Etats-Unis et de l’Allemagne, nous avons d’avantage le culte du livre papier. La lecture a un côté plus puriste chez nous. L’ouvrage papier occupe vraiment une place intime alors que le livre audio n’est pas encore inscrit dans l’inconscient du lecteur. Les Américains ont l’habitude de faire de longs trajets en voiture et s’occupent avec des livres audio. C’est un élément à prendre en compte…
Il est difficile de lancer de nouveaux produits à l’heure actuelle, car nous nous retrouvons dans une période économiquement compliquée. Mais une opération d’éducation autour du livre audio, par la publicité, pourrait ouvrir un peu le marché.
Vos livres audio sont présentés dans un emballage au format du livre papier. Pourquoi avoir choisi cette présentation ?
Nous voulions qu’ils se différencient d’un DVD ou d’un CD. Et aussi pour pouvoir être présent à côté du livre grand format dans les librairies. Aujourd’hui certains libraires ont des rayons spécifiques pour le livre audio, ce qui nous semble plus logique c’est de pouvoir aussi trouver le livre audio à côté du livre grand format, d’offrir les deux possibilités au lecteur.
Pourquoi vos livres audio ne sortent-ils pas simultanément avec la version papier ?
En l’occurrence parce que les textes ne sont pas forcément prêts au moment où nous devrions lancer la fabrication du livre audio, nous sommes obligés d’avoir un décalage d’un ou deux mois. Dans la mesure du possible nous essayons de sortir la nouveauté papier en même temps que la nouveauté livre audio. Dans l’avenir si nous arrivons à résoudre les problèmes de contraintes techniques et de fabrication nous pourront peut-être sortir les deux ouvrages en parallèle. La contrainte se situe également au niveau de l’enregistrement et de la production : un comédien enregistre en 2 ou 3 jours, puis il y a l’étape du montage et du mixage jusqu’à la livraison du master. Cela peut prendre 15 jours à 3 semaines avant la fabrication, qui dure un mois et demi.
D’après vous, qui sont aujourd’hui les lecteurs de livres audio ?
A mon sens il s’agit d’une pluralité de personnes. Nous retrouvons des jeunes, entre 25 et 35 ans qui n’ont pas forcément le temps de lire, mais ont envie d’écouter des ouvrages, peut-être sur leurs lecteurs mp3, dans les transports, dans la voiture. Il y a également des personnes un peu plus âgées qui sont malvoyantes ou qui ont des problèmes de lecture et qui écoutent l’ouvrage au lieu de le lire. Mais je pense qu’aujourd’hui le marché est assez divers et pas encore très structuré.
Quel avenir pour le livre audio ?
En parallèle du livre audio, le livre numérique prendra une place importante. Le support papier ne disparaîtra pas parce que nous gardons vraiment un rapport particulier à l’odeur du livre et au livre en soi.
Propos recueillis par Bahar Makooi
Décembre 2008
Écouter des extraits et en savoir plus sur cette collection Le site de Flammarion A lire aussi : L’entretien avec Ronald Wood, directeur des éditions De Vive Voix