Homère, plus grande étude sur la déficience visuelle en France, livre ses résultats
Qui sont les déficients visuels français, quel est leur mode de vie et quels sont leurs besoins ? C’est pour répondre à ces questions trop peu posées que quatre chercheurs en lien avec l’unité de recherche Développement, individu, processus, handicap, éducation (DIPHE) de l’Université Lumière Lyon 2 et avec l’unité « Chart-Thim » de l’Université Paris 8 ont travaillé pendant plus d’un an.
Leur étude, baptisée Homère, repose principalement sur une méthode de sondage très poussée appelée « enquête participative ». Plus de 1800 personnes ont été interrogée sur leur accès à la culture, à l’information et au numérique, leurs études et activités sportives ou encore leurs loisirs, vie sociale, logement, travail, déplacements, santé, vie sentimentale ou parentalité.. Le but ? Publier la « la plus grande étude sur la population déficiente visuelle jamais menée en France » et avoir « une connaissance précise de ce qu’est le quotidien des personnes aveugles ou malvoyantes, quels que soient leur âge et leur territoire ».
Ces données, inédites donc, en disent notamment long sur les inégalités subies par les personnes en situation de déficience visuelle, qui représente environ 1,7 million de Français. On y recense en particulier de grandes inégalités dans l’accès à la lecture et à l’éducation. Ainsi, on peut lire que la moitié des répondants de 16 ans à 29 ans en classe ordinaire estiment que leurs professeurs n’étaient plutôt pas ou pas du tout formés à la déficience visuelle, qu’une partie importante des personnes déficientes visuelles n’utilisant pas internet déclare ne pas avoir eu accès à une formation pour ce faire, que la majorité des personnes interrogées disent éprouver des discriminations dans leur accès à la culture (41% ont connu l’absence d’audiodescription ou une audiodescription de mauvaise qualité, 31% l’inaccessibilité des lieux et même 4% un refus d’accès), ou encore que la moitié des répondants de 16 à 29 ans ayant été en classe ordinaire ont le sentiment d’avoir été plutôt ou tout à fait en échec scolaire en raison d’un accès insuffisant aux contenus pédagogiques, comme les cartes, les supports vidéo et les photocopies. Cette étude, selon ses auteurs, se veut le point de départ du futur Observatoire de la déficience visuelle, un outil pouvant devenir un support majeur d’inclusion des personnes déficientes visuelles.