« Le livre qu’on écoute » chez Editio Audio
Michael Wenzel est à la tête d’une petite maison d’édition de livre audio appelée « Editio Audio, Le livre qu’on écoute » qu’il lance en 2004. D’origine allemande, il s’inspire du succès des livres audio en Allemagne. Mais très vite, il constate le retard de la France dans ce domaine. L’éditeur n’abandonne pas pour autant, sa petite maison d’édition a tout de même publié une dizaine d’ouvrages. Il voit d’un très bon oeil l’arrivée récente d’Audiolib et de Flammarion sur ce marché.
Lire dans le noir : Vous connaissez très bien l’Allemagne. Là-bas les livres audio sont plus répandus qu’en France, comment expliquez-vous le retard français ?
Michael Wenzel : Le véritable problème du livre audio en France est un problème de diffusion. Le livre audio n’est pas assez connu pour l’instant, donc les librairies ne savent pas quoi en faire, ni comment les mettre en avant. Les clients intéressés ne les trouvent pas et ne peuvent pas les acheter. C’est un cercle vicieux. Audiolib a su résoudre ce problème, et ça marche plutôt bien !
Justement, comment faites-vous pour exister au milieu des grandes maisons d’édition qui ont lancé de nouvelles collections de livres audio ?
Il y a de la place pour tout le monde et pour tous les genres de livres audio. Et c’est plutôt bon signe. Si Flammarion et Albin Michel et Hachette avec Audiolib se lancent aussi dans le livre audio, c’est parce qu’il y a un marché ! Effectivement si Hachette ne rentre pas dans ses coûts dans 4 ans, on se posera des questions… Je suis très content que de grandes maisons d’édition commencent à se lancer dans le livre audio, elles contribuent à faire de la publicité car elles ont les moyens de le faire. On ne peut que profiter de cette force de marketing.
D’après vous, qui sont les lecteurs de livres audio ?
Le livre audio n’est pas réservé à un public de mal-voyants. Si vous habitez Paris et que vous passez une heure tous les matins sur le périphérique ou dans le métro, vous pouvez très bien écouter un livre audio au lieu de la radio et vous éviterez d’entendre les morceaux répétitifs de chaque matin. En Allemagne, les gens se baladent très souvent avec des écouteurs, ils écoutent des livres en voiture, en faisant leur footing, ils n’ont pas forcément de problèmes de vue, et ne sont pas forcément très âgés.
Certains de vos livres audio sont des versions abrégées. Pourquoi avoir fait ce choix ?
Il y a une vraie différence entre la lecture d’un livre dans sa tête et la lecture à haute voix. La lecture de tête est bien plus rapide. Si nous choisissons d’utiliser la version intégrale, nous pourrions nous retrouver avec 12 heures d’enregistrement ! Au bout d’une certaine durée d’écoute, l’histoire peut perdre de son intensité. Je m’attache à réaliser des versions qui ne durent pas plus de 6 heures. Pour « Elle s’appelait Sarah » de Tatiana de Rosnay, nous étions en contact avec l’auteur du début à la fin. Au final, elle a été étonnée de voir que le livre avait gagné de valeur.
D’après vous, la lecture d’un livre par un comédien ne risque-t-elle pas de réduire la part d’imaginaire du lecteur ?
C’est comme au cinéma, parfois vous vous dites : « Ce n’était pas ce que je m’étais imaginé ! » L’histoire est toujours interprétée par le comédien, mais nous essayons de limiter cela. Dans un roman de 400 pages avec quinze personnages, il est très difficile pour un acteur de donner des voix différentes à chaque personnage. Nous veillons à ne pas que le texte soit trop interprété.
Propos recueillis par Bahar Makooi
Mars 2009
Editio Audio, « Le livre qu’on écoute »
51 rue Mercel Hénaux
59000 Lille
Tél : 03 20 18 03 75
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