Les histoires à voix haute font battre les cœurs à l’unisson
Que ce passe-t-il quand on écoute, en groupe, un récit dit à voix haute ? Pour répondre à cette question, le professeur au City College de New York Lucas Parra et ses collègues ont réalisé une étude passionnante publiée il y a quelques jours dans la revue américaine spécialisée dans la biologie « Cell Reports ».
Cette étude s’est intéressée à la fréquence cardiaque et à la respiration de l’ensemble des auditeurs, et a tenté de mesurer une éventuelle synchronisation entre les différents membres de l’auditoire. Quatre expériences successives ont été réalisées. D’abord , des volontaires ont écouté des extraits de 20.000 lieues sous les mers. Effectivement : les corps des auditeurs ont calqué leur respiration et leur rythme cardiaque sur celui de l’interlocuteur.
Plus étonnant, cela a aussi été le cas au cours d’une seconde expérience, pendant laquelle des auditeurs ont écouté des contenus pédagogiques, beaucoup moins émouvants donc. L’auteur principal de l’étude, professeur au City College de New York, détaille : « Ce que nous avons découvert, c’est le simple fait de suivre une histoire provoque des fluctuations de la fréquence cardiaque des gens ». L’émotion n’entre semble-t-il pas en jeu. En revanche, aucune synchronisation n’a été constatée quand ces mêmes contenus ont été diffusées à l’envers. Parce que les auditeurs n’ont justement pas « suivi » ni « prêté attention » aux mots diffusés ainsi et donc dénués de sens.
Une troisième expérience a été réalisée, cette fois en diffusant de courts histoires pour enfants. Les auditeurs ayant vécu une modification de leur respiration et de leur rythme cardiaque étaient aussi ceux qui étaient capables de restituer l’histoire avec le plus de précision à la fin de la séance. Preuve que l’attention est un facteur déterminant dans ces changements physiologiques.« Votre fréquence cardiaque fluctue, naturellement, même lorsque vous êtes simplement assis là, à ne rien faire et à écouter une histoire à la radio. Devinez quoi, vous n’êtes pas seul ! Quelqu’un d’autre écoutant la même histoire aura les mêmes fluctuations de fréquence cardiaque. Ce n’est pas l’interaction, c’est l’histoire elle-même qui entraîne le changement », résume Lucas Parra.