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Rencontre professionnelle du livre audio

A l’occasion du Prix Lire dans le noir du livre audio 2012, l’association a organisé une rencontre professionnelle pour faire un point sur les freins au développement du livre sonore en France, et sur les pistes susceptibles de faciliter la rencontre entre l’offre et la demande. 9 éditeurs de livres audio, 1 libraire spécialisé et 2 bibliothécaires sont intervenus lors de cette rencontre, en présence de plusieurs journalistes et d’autres professionnels intéressés par le débat. Le débat était animé par la journaliste Anne Brunel.

Rencontre professionnelleETAT DES LIEUX

Après 10 ans d’activité, et dans le souci de promouvoir l’édition et la diffusion du livre audio en France, Lire dans le noir a réalisé une enquête auprès des éditeurs et du grand public afin de mieux connaître leur perception du livre audio et de son futur. Elle a été complétée par une étude de l’Institut Gfk sur l’état du marché du livre audio. Ces deux chantiers menés en parallèle, nous ont permis de dresser un panorama actuel du livre audio en France, qui a servi de point de départ aux débats de la rencontre.

En 2011, le marché du livre audio représentait 3,9 millions d’euros, soit moins de 0,1% de l’ensemble des livres vendu. Depuis le début de l’année les ventes de livres audio sont en léger recul: -1,2% en volume et -2,8% en valeur. Les nouveaux livres s’écoulent en moyenne à 200 exemplaires et les « best sellers » atteignent 5 000 exemplaires vendus.*

Le livre audio rend la lecture accessible à ceux qui ne peuvent lire de livre papier. Il permet une écoute active et ambulatoire. Il offre une lecture riche en proposant des ambiances et en offrant des interprétations. Le livre audio est un outil intéressant pour faciliter l’accès à une nouvelle langue.

Pourtant des obstacles existent à une plus large diffusion du livre audio. Son prix est souvent considéré comme trop élevé. De ce point de vue, il a du mal à rivaliser avec le livre poche. Il est encore vu comme un outil réservé aux personnes confrontées à des problèmes d’accessibilité. Certains lecteurs préfèrent la « liberté » que laisse le format papier à leur imagination. Enfin, l’achat est rarement facilité. Le livre audio est peu visible dans les points de vente. Il est encore difficile d’écouter un extrait en librairie.

REACTION DES INTERVENANTS A L’ETAT DES LIEUX

La France est en retard au niveau européen, mais les éditeurs constatent une véritable progression du marché depuis 2008 avec une augmentation de l’offre et de la demande. L’offre se diversifie avec 300 nouveaux ouvrages par an, même si ces chiffres semblent bien modestes comparés aux 2 à 3 000 livres publiés Outre-Rhin. Le prix du livre audio s’approche aujourd’hui de celui du livre non poche, 15 à 25 euros. Pour le faire baisser, il faudrait une plus grande diffusion.

Les bibliothécaires présentes constatent que la demande de livre audio a augmenté et leurs achats avec. Pourtant,médiathèque elles constatent la persistance de préjugés contre ce format qui serait réservé aux jeunes enfants, aux aveugles et aux personnes âgées. Présenter le livre audio au moment de l’inscription en bibliothèque et l’organisation d’ateliers permet de faire évoluer la perception du livre audio par les usagers.

Les participants regrettent unanimement le manque de visibilité du livre audio et soulignent la difficulté de communiquer sur ce mode de lecture. Des progrès sont cependant constatés en librairies et en médiathèques. Mais les éditeurs ont encore du mal à trouver une place légitime dans les salons du livre.


PRECONISATIONS

Anne BrunelLe développement de la culture de l’oralité doit continuer à être encouragé avec des festivals, des lectures de comédiens. Il faudrait, en outre, plus de relais médiatique au livre audio avec notamment de vrais critiques littéraires. De ce point de vue, les intervenants estiment que la radio a un rôle primordial à jouer mais que le livre audio peine à y trouver sa place. Ils attendent beaucoup des radios locales.

Pour faciliter l’achat l’apposition d’un QR Code à la couverture des livres audio permettrait d’écouter un extrait grâce à un smartphone.

Plusieurs éditeurs soulignent que le circuit de diffusion n’est pas adapté aux spécificités du livre audio et aux contraintes des petites maisons d’éditions. Ils suggèrent que les diffuseurs soient invités aux prochaines rencontres.

L’idée de mettre en place une action concertée entre les acteurs du marché du livre audio semble plaire aux participants, mais le sujet n’a que le temps d’être effleuré.


TEMOIGNAGES DE PARTICIPANTS A CETTE PREMIERE RENCONTRE

Alain Boulard de CDL ÉditionsAlain Boulard à la remise des Prix
C’est très intéressant d’avoir le point de vue de tout le monde. C’est bien de pouvoir se rencontrer. Si on pouvait avoir une rencontre de ce genre tous les 6 mois ce serait un bon début. Il faudrait aussi inviter les diffuseurs.

Je n’ai pas été très surpris par ce qui a été dit. La représentante de Gallimard s’est dite optimiste et nous le sommes aussi. Le problème, c’est la concurrence et la diffusion. Quand nous faisons des salons nous nous rendons compte que le livre audio est peut connu. Ce sont souvent les enfants qui viennent vers nous. Les personnes qui en ont vraiment besoin hésitent à sauter le pas.

Il serait intéressant de s’organiser entre éditeurs. Il y a eu une tentative par le passé sous l’impulsion de Livrior, mais il n’y a pas eu de suite.

Isabelle Pierret  du Livre qui Parle
Ce genre de réunion est une bonne façon d’échanger. Une occasion qui se présente rarement, même si par le travail  nous sommes régulièrement en contact avec des éditeurs.

Cela pourrait être intéressant de mettre en place des projets communs et concrets pour développer la reconnaissance du livre audio. Je pense que le libraire n’est qu’un intermédiaire, et que l’objectif devrait être de convaincre l’utilisateur final. 

Bibliothèqure municipale de HouillesMorgane Rohel de la Bibliothèque municipale de Houilles
J’ai trouvé ces rencontres presque trop courtes, il y a tellement à dire. Je pense que les bibliothèques  sont un bon intermédiaire pour faire connaître le livre audio, notamment par la mise en place d’animations.

Pour nous, le livre audio est une évidence mais pas pour nos usagers. Nous parlons systématiquement du livre audio lors des inscriptions. Notre budget d’acquisition augmente tous les ans parce que nous sommes confrontés à une réelle demande. Aujourd’hui, je n’ai plus de place pour ranger les livres audio, à telle point que j’ai du les reconditionner pour qu’ils soient toujours accessibles. J’étais surprise de voir que l’édition rencontrait de telles difficultés parce qu’à  la bibliothèque les livres audio sont très demandés.

Merci à tous les participants de cette rencontre. Vous serez tenus au courant des suites que nous lui donnerons.

> Télécharger la synthèse de la rencontre et la synthèse de l’enquête

* Les chiffres fournis par l’Institut Gfk ne concernent pas la vente directe et la vente par correspondance qui sont des modes de commercialisation non-négligeable pour le marché du livre audio. 


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