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Résidence Julie Siegfried : des livres audios pour créer le lien

En 2013, les résidents de la maison de retraite Julie Siegfried ont eu l’opportunité d’accéder à l’écoute de livres audio. Un projet pilote mis en place par les deux animateurs socio-culturels de l’établissement en coordination avec Lire dans le noir qui a initié ce projet. Nous avons rencontré Agnieszka Michaut, l’une de ces animatrices, et Colette Huneau, l’une des résidentes, pour tirer les enseignements de cette expérience.

La maison de retraite Julie Siegfried :

  • située dans le 14e arrondissement à Paris,
  • maison appartenant au Centre d’Action Sociale de la Ville de Paris (CAS-VP),
  • 89 résidents,
  • des animations proposées par 2 animateurs socio-culturels, des stagiaires et des bénévoles,
  • une trentaine de résidents ont bénéficié de l’animation livres audio.

Nous sommes revenus avec Agnieszka Michaut sur le programme d’écoute de livres audio.

Résidence Julie SiegfriedPourriez-vous nous parler de la genèse du programme.

C’est Lire dans le noir qui nous a contactés début 2013. J’ai rencontré Pierre Ciolfi, le président de l’association, qui a proposé de mettre des livres audio publiés par Lire dans le noir à notre disposition. Nous souhaitions mettre en place une première expérience d’écoute de livres audio en maison de retraite pour voir comment cette activité serait reçue par les résidents et identifier quelles seraient les difficultés pour la pérenniser.


Comment avez-vous proposez la lecture de livres audio aux résidents ?

Nous proposions déjà des lectures à voix haute et la bibliothèque municipale nous fournit régulièrement des livres papier par un système de portage à domicile. Nous savions que la moitié de nos résidents seraient potentiellement intéressés par les lectures de livre audio.

Les écoutes se font toujours sur la base du volontariat. Chaque séance dure autour d’une heure. Nous avons mis en place deux types d’activités : des lectures collectives pour des groupes de quatre à neuf personnes dont trente de nos résidents ont bénéficié, et des lectures en individuel pour six d’entre eux. Ces dernières lectures sont proposées à ceux qui ne souhaitent pas ou ne peuvent pas prendre part aux activités de groupe.

Comment les résidents ont-ils réagi au livre audio ?J'arrive où je suis étranger

Les résidents sont souvent surpris par le livre audio parce qu’ils n’ont pas l’habitude de ce genre de lecture. Il était donc important de s’assurer que la première expérience du livre audio serait bonne. Il faut comprendre que c’est très dur pour ceux qui aimaient lire de ne plus pouvoir le faire. La vie ici comporte de nombreuses contraintes, la lecture constitue une échappatoire à cela. Elle permet aussi de discuter, d’avoir d’autres sujets de discussion que le quotidien subi. C’est une activité valorisante. En outre, beaucoup de nos résidents sont concernés par des pertes de mémoire, pour eux la lecture constitue un repère.

J’arrive où je suis étranger de Jacques Sémelin a particulièrement marqué les participants aux ateliers, probablement parce qu’ils ont pu s’identifier à cet homme qui perd progressivement la vue. Cette séance était très émouvante.

Colette Huneau est une résidente de la maison Julie Siegfried. Elle a accepté de quitter quelques minutes l’atelier sur l’information auquel elle participait pour partager avec nous son expérience des ateliers d’écoute de livres audio.

 » J’ai écouté plusieurs livres lus dans le cadre d’animations proposées par la maison de retraite. Ces activités m’intéressent parce que je n’ai plus le goût de lire mais j’aime écouter. Je trouve que c’est plus vivant. L’écoute d’ouvrages audio nous permet de faire des commentaires et d’échanger avec les autres résidents.
J’écoute aussi beaucoup la radio. J’aime les récits de voyage, ça m’intéresse. J’aurais bien aimé faire le tour du monde pour voir les modes de vie de chacun. S’il y avait plus souvent des séances d’écoute de livres audio, j’y participerais volontiers. « 

 


AtelierQuelles conclusions tirez-vous de cette expérience ?

L’expérience est très satisfaisante même si elle a révélé des lacunes au niveau de notre matériel audio et que nous avons rapidement manqué d’ouvrages. Elle a confirmé que nous avons un public assez dépendant. Il doit toujours y avoir un intermédiaire pour installer le matériel et faciliter son utilisation. Les conditions d’écoute sont très importantes. La salle doit être au calme et l’écoute ne doit pas être dérangée. C’est l’une des raisons pour laquelle l’écoute individuelle au casque est particulièrement idéale.

Si cette activité se pérennise il faudrait qu’elle devienne régulière afin d’éviter toute frustration des résidents. Je pense qu’il serait bien de pouvoir proposer un livre par mois.

Vous avez des difficultés à obtenir des livres audio ?

La bibliothèque qui est à proximité ne propose que peu de titres. De notre côté nous ne pouvons pas vraiment libérer du temps pour aller chercher des ouvrages à la médiathèque. Il semblerait que les livres audio disponibles au portage soient toujours réservés. Nous n’avons pas ce problème avec les livres papier. C’est ennuyeux parce que quand les résidents constatent que l’on ne peut pas répondre à leurs demandes, ils deviennent rapidement passifs et nous ne souhaitons pas créer de frustrations supplémentaires chez nos résidents.

Quelles sont les prochaines étapes ?

Pour l’instant nous n’avons pas formalisé le programme d’écoute de livres audio dans une convention avec Lire dans le noir. La prochaine étape serait de le faire.

Je pense que d’autres maisons de retraite pourraient être intéressées par ce genre d’activités mais il faudrait s’assurer de l’accès à un matériel adéquat et à une offre de titres adaptés toujours renouvelée.


Pauline Briand

Fiche de lecture dJ’arrive où je suis étranger 


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