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Sophie fait du bruit !

Malicieuse, magicienne et musicienne, dans la vie Sophie Bissantz invente des bruits. Elle travaille pour Radio France depuis une trentaine d’années. Artiste bruiteuse, elle donne vie aux feuilletons et  aux séries noires réalisés par la radio. Elle se définit elle-même comme « le prolongement du corps des comédiens ». Pour Lire dans le noir, elle nous livre ses secrets de bruitage.

Portrait de Sophie Bissantz par Christophe Abramowitz / Radio France Les bruiteurs ont toujours existé au théâtre, à la radio, au cinéma… et aujourd’hui dans le domaine des livres audio. Sophie Bissantz travaille à Radio France depuis ses 21 ans. « Le principe du bruitage en radio, c’est que les comédiens ont le texte à la main, ils ne peuvent pas bouger, alors moi je deviens le corps du comédien. » Sous les doigts de Sophie jaillissent un journal dont on tourne les pages, un café que l’on touille… Des illusions sonores qui doivent suivre le rythme et l’humeur du moment des comédiens ou de leurs personnages.

« C’est un métier physique, confie-t-elle, car on porte du matériel lourd et puis on s’agite dans tous les sens. » Un métier d’homme aussi, Sophie est une des rares femmes à l’exercer. Animatrice dans une radio de Strasbourg, elle découvre cet art « un peu par hasard » à Radio France où elle suit une formation en son. Elle apprend sur le tas, là où d’autres ont reçu les secrets du bruitage en héritage. « Il n’existe pas de formation. C’est très souvent un métier que l’on apprend de père en fils », explique Sophie. Ses bruitages sont le fruit de son imagination et de ses sens. « Il existe autant de bruiteurs que de personnalités. Moi je ne m’intéresse pas au réalisme. J’aime ajouter une touche subjective, que les auditeurs entendent un côté artisanal dans mes bruits. C’est un parti pris, une touche poétique ».

Récemment elle a inventé un bruit d' »ascenseur fou » en utilisant un vieux moteur de machine à laver et des câbles. « J’ai créé un son peu réaliste, c’est vrai ! Mais pour moi, il représente l’imaginaire de cet ascenseur terrible dans lequel tout le monde redoute de monter ».

Pour composer, Sophie Bissantz a plus d’un tour dans son sac et elle dispose d’un véritable trésor : le fond d’instruments de la radio où elle se sert volontiers des instruments rares pour évoquer fracas, crissements, et autres bruits du quotidien. Dans les couloirs de la radio, elle a un placard, véritable caverne d’Ali Baba où elle accumule des milliers d’objets improbables : une baignoire pour bébé, de la vaisselle, des boîtes à musique, des bouteilles en verre, de vieilles bandes magnétiques, des interrupteurs, téléphones, chaussures en tout genre, des brosses à dents, du latex et même un 9 mm à blanc … « Un bruit a une épaisseur et plusieurs plans », explique Sophie. « Pour représenter une scène qui a lieu au bord de la mer, le réalisateur va poser un enregistrement de la mer et des mouettes, pendant que je reproduirai les clapotis des vagues avec de l’eau que j’agite à la main dans cette baignoire pour bébé. » Autre bruit dont elle est fière : le battement du coeur humain, qu’elle arrive à recréer de façon impressionnante en dépliant un tissu imbibé d’eau comme un accordéon.

« Il m’arrive de bloquer sur un bruit alors que je fais totalement autre chose. Dans ma cuisine, par exemple, j’ai découvert que je pouvais utiliser mon paquet de spaghetti pour reproduire un train en marche. » Le bruit lui colle à la peau jusqu’à devenir une seconde nature. Sophie s’en amuse, son métier est un vrai plaisir.

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