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Une souffleuse d’histoires et un violiste donnent vie au roman Tous les matins du monde

Odile Bonnet est souffleuse d’histoires. Amoureuse de l’écrit, elle dit des romans aimés, comme on raconte un conte avec ses mots, ses émotions. Chaque performance demeure unique

tous les matins du mondeLe 24 juin, nous avons pris place dans la cave pleine à craquer du 38 Riv’ pour l’écouter conter Tous les matin du monde de Pascal Quignard. Parce que la musique est essentielle, elle était accompagnée à la viole de gambe par Marc Dormont qui jouait des morceaux écrits par les principaux protagonistes du roman.

Dans Tous les matins de monde Marin Marais se souvient de sa jeunesse auprès de son maître Jean de Sainte Colombe . Un homme épris de son art et intransigeant auprès duquel il a appris la viole de gambe. Ces deux hommes si différents s’opposeront pour finalement se retrouver dans la musique.

A la fin de la représentation Odile Bonnet et Marc Dormont ont répondu à nos questions.

 

Présentations

Marc Dormont
« Je suis violiste et j’enseigne à Chevilly-Larue et à Guyancourt. Une autre partie de mon activité consiste à transcrire des partitions au Centre de musique baroque de Versailles. »

Odile Bonnet
« Je suis conteuse avec  » Les Conteurs de Sèvres « . Parallèlement, depuis deux ans, je  » dis  » des livres pour lesquels j’ai un coup de cœur ou dessine des portraits de personnes que j’admire. Je suis toujours accompagnée d’un musicien. C’est ainsi que je suis devenue souffleuse d’histoires. »

Rencontre d’une souffleuse d’histoires et d’un violiste

Odile Bonnet
« La première fois que j’ai dit Tous les matins du monde dans la librairie d’un ami, j’ai passé deux extraits du CD « Marin Marais La musique au temps de Marin Marais « . Cette expérience m’a frustrée. J’ai alors cherché un musicien pour donner toute sa place à la musique. Par l’intermédiaire du directeur du conservatoire de Viroflay, j’ai rencontré Marc qui a tout de suite été d’accord pour m’accompagner. »

Marc Dormont
« Notre association est assez récente. Elle date du mois de novembre. Nous avons beaucoup travaillé pour arriver au résultat que vous avez vu aujourd’hui. »

Dire un livre accompagné d’un musicien

Odile Bonnet
« Pour moi c’est un long travail puisque je n’écris absolument rien. Une fois que j’ai lu le livre je me le raconte en marchant en forêt. Au début, l’histoire est trop longue. Je dois tailler dans le récit, me défaire d’images que j’aime pour que cela tienne. C’est la même technique que pour les contes. Elle permet de ne garder que l’essentiel.

Cet exercice est périlleux. Le récit diffère d’une fois sur l’autre puisqu’il n’est ni lu, ni appris par cœur. Chaque représentation est unique et Marc doit être très attentif pour suivre et jouer au moment opportun. »

Tous les matins du monde

Monsieur de Sainte-ColombeOdile Bonnet
« Bien que non musicienne, la musique m’accompagne chaque jour. Ce roman, au cœur de la musique, m’émeut et me fascine. Il parle de la force des mots et des silences ; des malentendus qu’ils génèrent. Il montre que la musique est un langage et qu’elle peut être ressentie de manière différente par chacun.

La rencontre de Marin Marais et de Sainte-Colombe me touche. Cette histoire montre combien les mots peuvent nous rapprocher ou nous séparer. A la fin, ces deux hommes si différents se comprennent sans pour autant que Marin Marais ne renie ce qu’il a aimé. Il ressent ce que son maître voulait dire.

 » Tous les matins du monde ne reviennent jamais.  » Dans son livre, Pascal Quignard parle également des regrets qui assombrissent une vie et empêchent de vivre pleinement l’instant présent. »

Marc Dormont
« Je connaissais le livre avant de rencontrer Odile et j’ai même fait un peu de figuration dans le film réalisé par Alain Corneau. »

La musique et le récit

Odile Bonnet
« Je trouve que la musique est essentielle. C’est la raison pour laquelle j’ai voulu réunir le récit et la musique. « 

Marc Dormont Viole de gambe
« A part quelques pièces, tous les morceaux joués sont de Saint-Colombe et de Marin Marais. Pour Sainte-Colombe, ce sont des extraits du Manuscrit de Tournus (ca 1690) pour viole seule qui a été tiré de l’oubli en 1992 à la suite du film et attribué à Sainte-Colombe. Je les joue au début et à la fin du spectacle. Les morceaux écrits par Marin Marais sont tous tirés de la Suite d’un goût étranger du Quatrième livre de  pièces de viole (1717) : La Rêveuse , Le rondeau le Bijou , Le Badinage et La Marche Tartare .

Sainte-Colombe a produit une musique très particulière quand Marin Marais a eu une écriture plus académique. Tous les deux étaient à la fois compositeur et instrumentiste : leur musique est donc  parfaitement adaptée à l’instrument. En ce qui concerne Marais, ses 5 livres de Pièces de viole qui représentent plus de 500 pièces ont été édités sous sa direction. Il s’agit d’une édition très soignée et très précise, tout y est indiqué : les doigtés, les coups d’archet, les ornements … C’est une source pédagogique très précieuse.

L’idée de faire quelque chose de différent d’un simple concert m’a plu. C’est l’opportunité de jouer dans des lieux plus intimes. La viole est un instrument qui n’est pas très sonore et les grandes salles ne lui sont pas très propices. Aujourd’hui j’ai pu jouer en sachant que tout le monde m’entendait très bien. »

 Propos recueillis par Pauline Briand

Pratique :
Le prochain spectacle aura lieu le 21 septembre au Théâtre de la Vieille Grille à Paris.
> le Théatre de la Vieille Grille

> site du 38 Riv’


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