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Au Havre, une lecture émouvante sur l’amitié

LGDA PublicSous le chapiteau du Magic Mirrors, au plafond décoré de tentures, la lumière tamisée est bleue d’un côté de la salle, jaune de l’autre.

Il est 19 heures, ce samedi 23 janvier. Dehors, il fait froid et la nuit est tombée. Près de deux cents spectateurs s’installent, programme à la main, hésitant quelques instants entre chaise et transat. Quelques-uns s’assoient le long des parois courbes du chapiteau, ornées de miroirs.

LGDA Manon ThorelLes petites mains du festival Le Goût des autres distribuent des plaids, à la grande joie des plus frileux. Stéphanie et son compagnon se retrouvent ici par hasard, « ce sera la surprise ». Cette Havraise d’une trentaine d’années n’a « jamais assisté à une lecture, encore moins dans le noir ». Elle profite du festival pour faire « des découvertes », reconnaît qu’elle n’est « pas une grande lectrice » mais a envie de s’initier à « une façon de lire différemment ».

LGDA Sophie MassieuLa journaliste Sophie Massieu, animatrice de la séance, entre en scène accompagnée de son chien. Membre de l’association Lire dans le noir, Sophie est non-voyante. Pour une fois, le public va vivre « une expérience pas banale », assez proche de la sienne : écouter un livre sans en déchiffrer les pages, se laisser guider par une voix. La voix chaude et expressive de la comédienne havraise Manon Thorel, lisant des extraits de l’ouvrage d’Emmanuel Carrère, « D’autres vies que la mienne », qui a reçu le prix lire dans le noir du livre audio en 2010.

Pour répéter sa prestation impeccable, la comédienne a « lu et relu le texte à voix basse, à voix haute », raconte-t-elle à l’issue de la séance. « Je me suis fait mon film, j’ai imaginé la tête des personnages, jusqu’à ce que l’histoire devienne une sorte de souvenir propre. » Quelques spectateurs s’approchent de la scène pour la saluer : « très belle lecture, merci ».

LGDA MasqueMasque d’avion sur les yeux, lumière et portables éteints, ils ont écouté le récit très émouvant d’une amitié entre deux juges, Etienne et Juliette, tous deux frappés par le cancer. Dans la salle, chacun a reconnu l’un des siens dans cette histoire – un parent, un ami – ou soi-même. Par pudeur ou pour dissimuler son trouble, le public préfère garder ses impressions pour lui. Manon Thorel a remarqué cette « densité du silence », caractéristique d’une « très belle écoute ». Touchés, les spectateurs repartent sans bruit.

Photos : V. BALLET


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